EN PRIMEUR / ENTREVUE AVEC LA NOUVELLE DIRECTRICE ARTISTIQUE DU CIRQUE ÉLOIZE, ÉMILIE ÉMIROGLOU

Il y a quelques mois, Émilie Émiroglou a rejoint la grande famille du Cirque Éloize. Artiste de cirque, comédienne, chanteuse, assistante à la mise en scène, conceptrice acrobatique, activiste du cirque social et maintenant directrice artistique, cette femme accomplie œuvre tant sur scène que derrière les projecteurs.

Pourquoi as-tu choisi cette industrie et qu’est-ce qui te garde ici, au Cirque Éloize?

« À l’époque où j’ai commencé, tout était à faire, à construire et à bâtir. J’étais une jeune fille de douze ans qui arrivait dans un monde en pleine ébullition, au sein d’un groupe d’artistes explorateurs de tous les horizons, qui voulait changer le monde. C’était un contexte extrêmement fertile, stimulant et motivant. J’ai été saisie et complètement inspirée par ce feu sacré qui nous animait. Bien sûr, le cirque a évolué depuis, mais il reste un art populaire accessible à tous. La communauté est ouverte et l’esprit de camaraderie est toujours bien présent. Éloize est né de cette période féconde et continue encore aujourd’hui à concevoir des oeuvres significatives et humaines. »

Quel est ton plus grand défi en tant que directrice artistique du Cirque Éloize?

« J’aimerais ouvrir les portes de nos studios aux créateurs pour que ce soit un espace de création fertile et un lieu où l’artistique est au coeur de nos préoccupations – un environnement humain, sensible et ouvert sur la communauté artistique.

Je tiens aussi à ce que nous continuons à pousser la réflexion sur la capacité du geste acrobatique et l’art du récit, à nous attarder sur l’interprète et le concepteur, en lui permettant d’apporter son essence et ce qui lui appartient. »

D’où tires-tu ton inspiration? Quelles personnes / sources t’inspirent le plus dans ton travail?

« Travailler ensemble vers un but commun, c’est ce qui m’inspire le plus. L’inspiration vient de toutes parts, incluant la photo, le cinéma, la musique, les voyages, le quotidien et mon entourage.

Les artistes de cirques m’inspirent. Je suis évidemment très proche d’eux puisque je viens moi-même de la scène. Ariane Mnouchkine du Théâtre du soleil est extraordinaire, elle m’inspire énormément. J’aime le fait qu’elle n’emploie pas le mot production mais plutôt création.

Comme Robert Lepage dit, « le résultat de ton spectacle va être à l’image de ton processus ». Il est essentiel pour moi que l’on s’attarde sur le processus de création pour avoir une œuvre unique en son genre. »

Pourquoi est-il important de faire une plus grande place à la réflexion artistique dans le domaine du cirque?

« La réflexion artistique nous rapproche du public. Elle nous garde en mouvement et nous permet de transcender nos limites. Elle est aussi essentielle pour nous garder ouverts et créatifs. Il est périlleux de définir clairement et surtout de circonscrire dans un cadre donné la définition même de notre travail. Nouveau cirque ? Cirque contemporain ? Théâtre acrobatique ? Peu importe la définition, une ligne est tracée dès le début par la capacité d’un corps de dire des choses ou d’exprimer des idées à travers le geste acrobatique. »